Initiatives
dÉVELOPPEMENT DURABLE

BIODIVERSITÉ​

Après quatre décennies de « progrès techniques » visant à retrouver une production forte et une souveraineté alimentaire mises à mal par deux guerres mondiales, le début des années 1990 a été marqué à Châteauneuf-du-Pape par des réflexions pour un retour à une viticulture plus écologique. Ces dernières années surtout, ont vu l’émergence de nouvelles pratiques, visant à réduire l’impact de la production viticole sur son environnement. Cet engagement collectif, historique et continu dans le temps prend la forme de diverses actions sur le terrain, toutes engagées et soutenues par le syndicat et l’ODG de Châteauneuf-du-Pape.

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UNE MARQUE D’ENGAGEMENT :
LES LABELS

À Châteauneuf-du-Pape on ne vise pas les labels à tout prix ! La démarche de développement durable de l’AOC ne le prévoit pas et le cahier des charges de l’appellation est totalement en cohérence avec les labels existants, voire bien plus exigeant !
Afin de marquer leur engagement fort dans une action de développement durable, certaines exploitations se sont néanmoins inscrites dans des démarches reconnues. Aujourd’hui, 35% des surfaces de l’appellation sont conduites en agriculture biologique ou en biodynamie ; et près de 50 domaines sont engagés dans une démarche d’agriculture raisonnée sous les labels Terra Vitis ou HVE (Haute Valeur Environnementale).

L’ECO-PATURAGE :
DES MOUTONS DANS LA VIGNE !

Il y a quelques années, une poignée de vignerons particulièrement soucieux de réduire leur impact environnemental ont proposé à des bergers de faire pâturer leurs moutons dans les vignes pendant l’hiver. C’est ainsi qu’aujourd’hui et par l’effet du bouche-à-oreille, plus de 400 hectares du vignoble sur les 3200 que compte l’AOC sont mis à la disposition des éleveurs de décembre à février. A cette saison, les souches sont exemptes de raisins ou de feuilles, et les sols généreusement enherbés, ce qui permet aux moutons de se nourrir sans impacter la pousse de la vigne. D’un côté, le passage des moutons permet au vigneron de retarder voire d’annuler certaines interventions techniques sur le sol en fin d’hiver ; de l’autre, les éleveurs économisent leurs prairies pour la période de l’agnelage.

Le défi de la biodiversité

Les jeunes vignerons de l’appellation Châteauneuf-du-Pape se sont fixés un objectif : planter 42 km de haies. Ce clin d’œil à la distance d’un marathon sportif sonne comme un défi. Celui de répondre à de multiples enjeux : embellissement de nos paysages, développement de la diversité floristique et faunistique, apport de biomasse, lutte contre les effets du ruissellement et l’érosion des sols… Il s’agit aussi de voir revenir la flore et la faune endémiques à nos territoires, qui se sont raréfiés comme presque partout en France, suite au déboisement et à l’extension des vignes dans la seconde partie du XXème siècle.

“Plus de végétaux, c’est plus d’insectes, plus de mammifères et d’oiseaux.”

Les haies sont des nids à auxiliaires qui se nourrissent des ravageurs présents dans les vignes. Leur présence, tant en densité qu’en nombre, est donc proportionnelle à la richesse des micro-habitats disponibles. Il faut donc veiller à implanter une diversité d’arbres et d’arbustes, une alternance de feuillage caduc et persistant et des floraisons échelonnées pour favoriser la présence de ces précieux auxiliaires et participer naturellement au maintien de la bonne santé des vignes.

Pour que ces haies soient constituées de végétaux parfaitement adaptés au territoire, les vignerons utilisent une sélection d’essences indigènes, prélevées au sein des espaces boisés de l’AOC.

Pour les jeunes vignerons, “ il s’agit de donner une dynamique collective à ce projet, de nous approprier cette pratique et de la maintenir accessible sur le long terme pour l’ensemble des 300 producteurs de l’appellation”.

CONFUSION SEXUELLE

La Tordeuse de la grappe est la chenille d’un papillon, l’eudémis, qui pond ses œufs sur les inflorescences et les baies de la vigne. Selon les périodes de l’année, ces chenilles vont détruire les boutons floraux ou provoquer le développement de pourritures sur les baies, fortement dommageables pour la qualité du raisin. Pour éviter d’utiliser des insecticides, il existe un procédé appelé “confusion sexuelle”, qui consiste à diffuser régulièrement des phéromones dans les vignes. Ces signaux chimiques, propres à chaque espèce animale, conditionnent entre autres l’activité sexuelle. En saturant la vigne de ces « odeurs », les mâles de la Tordeuse de la grappe n’arrivent plus à retrouver leurs femelles. Accouplement impossible ! Aujourd’hui, près de 60 % de notre vignoble est protégé par « confusion sexuelle ».

UN CONSERVATOIRE POUR L’AVENIR

Les vieilles vignes ne sont pas éternelles ! Afin de conserver ce patrimoine ampélographique, un travail d’inventaire des souches les plus anciennes a été entrepris en 2019. Des observations, puis des prélèvements, ont été faits sur les ceps les plus qualitatifs en vue de leur conservation et de leur multiplication. L’objectif est de préserver la diversité génétique de notre matériel végétal et de nos 18 cépages, y compris les plus rares (terret noir, picardan etc…).

Peut-être un jour auront-ils un grand rôle à jouer, en se montrant capables d’adaptation face au changement climatique ou à certaines maladies ? Aujourd’hui, ils forment le caractère inimitable des vins de l’AOC. En jouant sur leur assemblage, ils permettent de créer des vins équilibrés, aussi bien du point de vue du potentiel aromatique qu’alcoolique.

Dès 2025, les premiers greffons issus de ces anciennes souches endémiques seront à la disposition des vignerons de l’appellation et permettront un renouvellement du vignoble, tout en douceur…

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