Histoire
Syndicale

Histoire Papale & syndicale chateauneuf du pape

UN VIN « ROYAL, IMPERIAL, PONTIFICAL »

Si l’essor du vignoble se ralentit au cours du XVIe siècle, lors des guerres de religion, il reprend de l’ampleur au XVIIIe siècle et les exploitations s’agrandissent. Ce faisant, le commerce du vin se développe considérablement. Déjà à cette époque, les vignerons du cru ont l’esprit pionnier !

À partir de 1776 le Château La Nerthe expédie ses vins en bouteilles, délaissant peu à peu le tonneau. Une première qui retentit, une fois de plus, sur la renommée des vins.

Reconnus de qualité supérieure par la voie d’un décret publié en 1793, les vins sont expédiés dans la France entière et en Europe.

Au début du XIXe siècle, près de deux mille hectolitres sont vendus hors du département et les quantités croissent régulièrement. Frédéric Mistral, qui les a découverts chez son ami le félibre et vigneron, Anselme Mathieu, natif de Châteauneuf-du-Pape, en régale ses amis parisiens : Alphonse Lamartine, Alexandre Dumas, Alphonse Daudet.. Ils deviennent à leur tour les ambassadeurs de ce « vin royal, impérial, pontifical » comme se plaît à le définir le plus célèbre des félibres provençaux.

LA CONQUÊTE DE L’APPELLATION

Soucieux de défendre les vins de Châteauneuf-du-Pape à la renommée grandissante, suite à la crise du Phylloxera, les vignerons du cru vont être à l’origine du système actuel d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Jugeant la loi de 1919 sur les appellations d’origine trop générale – elle délimite uniquement les aires d’appellation – ils décident qu’il est grand temps de mettre en place une réglementation plus stricte destinée à protéger leurs vins.

En 1923 ils se rendent en délégation au Château Fortia propriété du Baron Le Roy de Boiseaumarié, vigneron et juriste de formation, pour les aider dans cette tâche. Alerte, il leur répond : « Je veux bien, mais à une condition, c’est que vous-mêmes donniez l’exemple de l’honnêteté et de la discipline. »

Le 4 octobre 1923 a lieu l’assemblée générale constitutive du « syndicat des propriétaires viticulteurs de Châteauneuf-du-Pape », dont la présidence est confiée au Baron Le Roy. Sous sa houlette, les vignerons s’imposent des règles de production totalement inédites : réglementation des modes de culture, fixation d’un degré minimum d’alcool (12,5°), liste restrictive de cépages autorisés, tri de la vendange obligatoire…

Leur exemple sera bientôt suivi par les autres régions viticoles de production françaises. Leurs travaux sont couronnés de succès le 21 novembre 1933 : la Cour de cassation confirme la délimitation de l’aire et les conditions de production de l’appellation. A l’exception de quelques modifications, elles sont toujours en vigueur pour protéger et garantir la qualité des vins de Châteauneuf-du-Pape.

Le 15 mai 1936, le décret de l’appellation est publié et Châteauneuf-du-Pape devient la 1ère AOC viticole de France.
Le vignoble compte aujourd’hui 3.200 hectares sur les communes de Châteauneuf-du-Pape, Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues.

100 ANS D’EXPÉRIENCE COLLECTIVE

En 2023, le syndicat des vignerons de Châteauneuf-du-Pape fête 100 ans de syndicalisme viticole, de lutte et de protection collective. A l’ère de la mondialisation, le système d’appellation d’origine est plus que jamais nécessaire pour protéger terroir, patrimoine et savoir-faire. Il implique discipline, dynamique collective, force de conviction au service du vignoble.

Cent ans plus tard, il convient de se remémorer le plaidoyer du baron Le Roy :
« Que jamais n’abandonne cette politique de qualité. Nous ne sommes pas faits pour la fabrication standardisée. Non ! Nous sommes imbattables sur le plan des éléments pour lesquels l’artisan devient un artiste. La qualité est le propre du génie français. »